L'année 2022, année du centenaire de la mort de Proust, a été et sera riche en événements proustiens. En attendant les parutions à l'automne prochain de la nouvelle édition actualisée et augmentée de la biographie en deux volumes de Jean-Yves Tadié (Gallimard, coll. Folio), de l'enquête de Thierre Laget sur le scandale suscité par l'attribution, en 1919, du prix Goncourt pour À l'ombre des jeunes filles en fleurs (Proust, prix Goncourt. Une émeutelittéraire, coll. Folio), du volume Proust-Monde. Quand les écrivains étrangers lisent Proust (coll. Folio classique) et d'un inédit, De l'écolier à l'écrivain (Classiques Garnier), qui regroupera un ensemble d'écrits de jeunesse du jeune Proust, nous pouvons (re)découvrir les Souvenirs de lecture de Jeanne Proustchez Classiques Garnier qui republient également l'édition annotée de ses nouvelles, composées à l'époque des Plaisirs et des jours.
Le sommaire offre aussi un dossier supervisé par Pierre Vinclair sous le titre "L'Agencement des mobiles. Manifestes" : "Autant dans ses enjeux, qui peuvent sembler variés (du travail sur la forme à l’engagement face à la disparition des espèces, de la géographie à l’autobiographie), que dans ses médiums, aujourd’hui multipliés (de la page du carnet à la plateforme vidéo en passant par la scène), la poésie française semble aussi déroutante que florissante. Existe-t-il des groupes, des écoles, des courants ? Quelles sont les affinités en jeu ? Dessinent-elles un paysage ? Quelles forces le structurent ? Que cherchent celles et ceux qui le peuplent, à quels obstacles sont-ils confrontés ? À quels instruments ont-ils recours ?" Afin d’avoir une vue d’ensemble, ouverte mais plurielle, s’autorisant autant le dissensus qu’elle refuse la vaine polémique, Pierre Vinclair a demandé à une quarantaine de poétesses et de poètes de nous parler de leur pratique, de dialoguer — et de donner leurs mobiles.
Si la réflexion sur la nature apparaît en Europe au XVIIIe siècle, la conscience de la précarité de la nature et surtout la conscience de l’impact néfaste des industries humaines sur la planète est plus récente. Or, le caractère global des altérations et des risques écologiques, la circulation des pollutions et des contaminations, la répartition inégale des "ressources" engagent nécessairement des regards croisés sinon transversaux. Si l’écopoétique est "l’étude de la littérature dans ses rapports avec l’environnement naturel", la dernière livraison de la revue électronique de littératures française et francophone Relief part de cette définition liminaire pour envisager quelques problématiques complexes, dans une perspective transculturelle : comment les littératures françaises et francophones permettent-elles de traduire l’expérience d’un monde sensible menacé ? Quelles stratégies d’écriture permettent-elles de repenser les relations entre humains et non-humains ? Comment les littératures peuvent-elles contribuer à la prise de conscience des injustices environnementales ? Pour quelle poétique des lieux en souffrance écologique ? L’enjeu est de s’interroger sur les représentations littéraires de l’environnement, c’est-à-dire sur le discours que tient l’homme dans ses productions littéraires au sujet de la nature qui l’entoure et des relations qu’il entretient avec elle. À une époque qui voit les textes tournés vers les enjeux environnementaux se multiplier une double exigence s’impose : explorer la littérature en train de se faire, mais aussi revenir à des textes plus anciens pour les examiner à la lumière de notre sensibilité écologique contemporaine. La nouvelle livraison de Relief (vol. 16, n°1), sous la direction scientifique d’Aude Jeannerod, Pierre Schoentjes et Olivier Sécardin présente une quinzaine d’articles dont les contributions de Michel Collot, Yvon le Scanff, Aaron Prevots, May Chehab, ZoneZadir, Sara Buekens, Jean-Louis Cornille et Emily Apter. La revue a également le plaisir d’accueillir un entretien d’Aude Jeannerod avec Patrick Matagne ainsi que deux comptes-rendus : le premier de Sébastian Thiltges au sujet du livre d’Andréas Pfersmann, La Littérature irradiée. Les essais nucléaires en Polynésie française au prisme de l’écriture ; le second de Céline Zaepffel quant au livre d’Else Jongeneel, L’Illustration en majesté. L’édition Curmer de Paul et Virginie et La Chaumière indienne.